En direct de Bordeaux

Premières impressions
par Marc Chapleau

Les pesticides, je sais. Je devais, une fois là-bas, confronter nos amis bordelais à ce propos.

Je l’ai fait, mais évidemment, j’aurais dû y penser, personne ne m’a dit : « Ouais, c’est l’enfer, nos vins sont complètement toxiques, je vous dis pas ! »

Le sentiment général : c’est vrai que par le passé, parce que Bordeaux a longtemps été très conservateur, et puis aussi parce que le climat est très arrosé et que les risques de pourriture sont élevés, vrai qu’à cause de cela, le bio n’y a pas eu beaucoup droit de cité.

Mais ça change, entonnent-ils à l’unisson, et j’aurais tendance à les croire.

Après les cuves en forme d'oeuf, voilà que les amphores

Après les cuves en forme d’oeuf, voilà que les amphores — poreuses, d’une bonne inertie thermique — ont la cote, un peu partout dans le monde viticole et notamment à Bordeaux.

En deux mots : les vieux partent, les plus jeunes prennent la relève, et on le sait, les moins de 40 ans, à peu près partout dans le monde industrialisé, ont à coeur la planète et sa survie.

De fait, un certain nombre de domaines seraient pratiquement en bio, mais sans oser le revendiquer. Mauvais pour l’image, pas qualitatif, ne connote pas l’excellence. Et ça, paradoxalement, c’est une jeune trentenaire qui me l’a expliqué…

Le millésime 2017, maintenant. Rapidement, je reviendrai sous peu plus en détail.

En résumé, il a beaucoup gelé, et les rendements, du coup (!), sont souvent limités, mais la qualité, plus que potable, est souvent là. Même en liquoreux, et particulièrement en blanc sec.

De l'or liquide, on peut dire ça...

De l’or liquide, on peut dire ça…

Le moment le plus réussi : L’ensemble de la semaine, je dirais. Malgré une météo assez pourrie — quatre mois qu’il pleut ici, en gros —, l’événement organisé par l’Union des grands crus de Bordeaux aura permis à la centaine de journalistes et prescripteurs présents de déguster dans le calme quasi absolu, avec une bonne lumière, de bons verres, un service impeccable et des températures de dégustation nickel. Chapeau, vraiment.

L’occasion ratée : Ce repas à Château Guiraud, après une matinée consacrée aux sauternes/barsacs. Alors que tous à Bordeaux s’entendent pour dire que les liquoreux sont difficiles à vendre, qu’il faudrait « réinventer le rituel de dégustation », que plus personne n’en boit et voilà, « c’est vraiment la galère »… Eh bien, malgré cette superbe unanimité, il y avait plein de rouges offerts lors du lunch « Sauternes » à Guiraud.

Jusqu’à certain propriétaire bien en vue qui en avait trois verres d’alignés devant lui. L’occasion était pourtant belle, avec la présence des journalistes du monde entier, de montrer qu’on pouvait très bien faire un repas au sauternes. Par exemple avec du poulet grillé, des pétoncles, du crabe, etc.

Consternant, d’avoir ainsi raté le coche alors qu’on se lamente, par ailleurs…

Au Château Guiraud, dans le Sauternais.

Au Château Guiraud, dans le Sauternais. Il fait soleil là-dessus, je sais, ça a duré genre trois minutes…

L’épisode surréaliste : Lorsque ce producteur bordelais m’a raconté avoir partagé en début d’année à Montréal un repas avec Alain Brunet, le patron de la SAQ, où il a été question de la « Société du cannabis » (ses mots). Pour lui, la jeune quarantaine, c’est inimaginable ce qui va se passer chez nous, « c’est une drogue, après tout ». «Et puis, aussi bien vous le dire, ajoute-t-il dans la foulée, je n’en ai personnellement jamais fumé. » Cela avant de préciser qu’il avait ensuite profité de son passage à Denver, où c’est légalisé, pour en acheter. Il était avec sa femme, ils n’ont pris qu’une toute petite dose sous forme de carré de chocolat, ça a peut-être pris deux heures à faire effet et non 30 minutes comme avait dit le vendeur, mais lui et elle ont eu un de ces fous rires, mon gars…

Voilà, à dans quelques jours pour la suite, le temps de me remettre d’un retour un peu chaotique, ponctué par un vol annulé…

Marc