Les bons choix de Marc – Juillet

Made in USA
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

En ce 4 juillet, jour de réjouissances nationales pour nos amis états-uniens, j’ai pensé qu’il serait de bon ton de jeter un œil du côté de leur production viticole.

On parle couramment de vin « américain », mais en réalité, il faudrait souvent dire vin « californien ». Le Golden State est en effet responsable d’environ 90 % de la production nationale. La Californie se trouve ainsi encore et toujours loin devant les États de Washington, de l’Oregon et de New York, qui occupent les trois places suivantes. Cela dit, ce qu’on sait moins, c’est qu’on fait du vin dans chacun des 50 États de l’Union. Même en Floride ! Et ce n’est rien : même en Alaska, où le United States Department of Agriculture recensait sept wineries, en 2013.

Autre particularité du marché états-unien, il y a encore là-bas plus d’une quinzaine de monopoles d’État de la vente d’alcool – un peu comme notre bonne vieille SAQ, eh oui. Parmi les États pour ainsi dire prohibitionnistes, qui maternent les consommateurs et les protègent du démon Alcool, on retrouve le New Hampshire, le Vermont, l’Oregon, l’Ohio, la Pennsylvanie et bien entendu aussi l’Utah, le fief des mormons.

Bons troisièmes derrière la France et l’Italie

Pour revenir à nos moutons, précisons que les vins des États-Unis, et principalement ceux de la Californie, progressent très bien au Québec. Toutefois, spécifie le rapport annuel 2014 de la SAQ, ils le font « de manière plus modérée cette année avec près de 10 % d’augmentation des ventes en volume […] tant pour les vins blancs que pour les vins rouges ». Il n’empêche que les vins américains demeurent bons troisièmes sur le plan des ventes à la SAQ, avec 13 % de parts de marché, derrière la France (31 %) et l’Italie (23 %), mais devant l’Espagne et l’Australie (respectivement 8 % et 6 %).

Les régions plus fraîches du nord de la Californie, ainsi que l’Oregon et Washington produisent de très belles bouteilles qui n’ont rien à envier à ce qui se fait de mieux en Europe et notamment en France. À l’inverse, on trouve aussi en provenance de ces chers États-Unis des Ménage à Trois et des Apothic Red sucrés, ainsi que des White Zinfandel tout aussi doucereux – qui se vendent, hélas, comme des petits pains. Le collègue Bill Zacharkiw a d’ailleurs récemment publié un article à ce propos.

Et dire qu’on est censés être une société distincte, au Québec, et avoir un palais plus raffiné… Désolé pour la digression, je n’ai pu m’empêcher, j’aimerais tellement que les rouges sucrés coca-colaesques ne marchent pas.

Surtout qu’elle est pratiquement révolue, l’époque des vins américains vanillés et archiboisés. Nos voisins y vont aujourd’hui plus mollo sur le chêne, de manière générale et en Californie, notamment. Le pays a pour ainsi dire mûri, il fait toujours partie du Nouveau Monde viticole mais comme il produit depuis plusieurs décennies, il se fait vieux un peu — et c’est bien tant mieux.

De belles bouteilles born in the USA

J’ai puisé dans mes récentes notes de dégustation et dégoté quelques bonnes bouteilles que l’on pourrait très bien ouvrir cette fin de semaine, dans la foulée de l’Independence Day.

En blanc d’abord, le Grgich Hills Chardonnay 2011 n’est pas donné, à 50 $, mais il tient la comparaison avec bien des bourgognes blancs vendus le même prix.

Du côté du vin rosé, je retiens notamment le Terre Rouge Vin Gris d’Amador 2012, un très bon rosé de saignée californien, corsé et riche mais bien appuyé par l’acidité.

En rouge, on a, encore une fois, l’embarras du choix. En y allant par ordre de prix, on se régalera avec le Schug Pinot Noir 2012 de Sonoma Coast. Clin d’œil à la France maintenant, avec le Syrah Le Pousseur Bonny Doon 2010, typé syrah et doté d’une bonne fraîcheur.

Grgich Hills Estate Chardonnay 2011Terre Rouge Vin Gris D'amador 2012Schug Pinot Noir Sonoma Coast 2012Bonny Doon Le Pousseur Syrah 2010

Du même excentrique producteur qu’est Randall Grahm, place au Cigare Volant Bonny Doon 2008, qui pastiche pour ainsi dire les vins de Châteauneuf-du-Pape mais qui ressemble davantage, avec ce 2008, à un beau rouge de la région nord du Rhône.

Deux derniers rouges états-uniens, d’un producteur vedette aussi consultant à ses heures. Plus les années passent, plus les millésimes se succèdent, et plus les vins de ce Paul Hobbs me surprennent. Imposants, concentrés, costauds même, ils ont en revanche de la fraîcheur, ils ne s’écrasent pas en bouche et n’alourdissent pas le palais – pour peu, of course, qu’on n’abuse pas.

Essayez par exemple son Cabernet Sauvignon Paul Hobbs Crossbarn 2011 Monterey, à 48 $, ou encore, dans un tout autre registre, son Paul Hobbs Pinot Noir 2011 Russian River. Ce dernier, puissant et savoureux, est vendu 62 $ et des poussières, et ma foi il les vaut !

Bonny Doon Le Cigare Volant 2008Paul Hobbs Crossbarn Cabernet Sauvignon 2011Paul Hobbs Pinot Noir 2011CHANDON ROSÉ

Enfin, à l’apéro ou à la fin du repas, avec des fromages pas trop puissants, on pourrait très bien opter pour le Chandon Rosé Méthode Traditionnelle, un peu dosé (sucré), il est vrai, mais l’équilibre est préservé et il s’agit simplement de le servir bien frais, pour en rehausser le fruit.

Cheers !

Marc

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