Nouvelle-Zélande – Carte postale du bout du monde

Sous son apparence paisible et ses paysages bucoliques, la Nouvelle-Zélande bouillonne, sous terre comme sur terre. Et son vignoble, en constant développement depuis une vingtaine d’années, gagne aussi en sagesse.

Par l’équipe de Chacun son vin

Cet article a été écrit à la demande expresse de New Zealand Winegrowers.

La Nouvelle-Zélande est au bout du monde, littéralement. Rien de mieux d’ailleurs que de parcourir les quelque 15 000 kilomètres et la vingtaine d’heures de vol qui séparent Montréal de Queenstown, dans l’île du Sud, pour saisir pleinement la distance qui nous sépare de ce petit pays d’Océanie. Vu d’aussi loin, on pourrait croire que le vin néo-zélandais ressemble à ceux de sa voisine, l’Australie. Rien n’est plus faux. D’abord, la Nouvelle-Zélande est non seulement minuscule si on compare sa superficie avec celle de l’Australie, son climat est aussi plus frais, en général.



La Nouvelle-Zélande comporte aussi l’un des sites géologiques les plus complexes de la planète, à cheval sur deux plaques tectoniques. L’île du Nord, qui abrite la capitale Wellington, fait partie de la plaque australienne et son paysage est dominé par deux douzaines de volcans actifs. L’île du Sud est posée directement sur une faille, à la limite de deux plaques tectoniques, au cœur de la ceinture de feu du Pacifique. La collision de ces plaques a donné naissance aux Alpes du Sud, une chaîne de montagnes qui occupent toute la partie ouest de l’île et qui culminent à 3 754 m d’altitude. Ces dernières ont une influence déterminante sur les climats et microclimats des régions viticoles environnantes. Ajoutez à cela un dynamisme bouillonnant et l’indépendance d’esprit propre aux insulaires et vous avez quelques bonnes pistes pour cerner le caractère unique des vins néo-zélandais.  

L’île du Nord

Tout comme le sauvignon à Marlborough, les cépages bordelais sont étroitement liés à l’identité de Hawke’s Bay, autour des jolies villes de Napier et de Hastings, sur la côte est de l’île du Nord. Les merlot et cabernet sauvignon fleurissent sous un climat plus chaud et donnent des vins charnus et vigoureux. La syrah a aussi trouvé une terre d’accueil fertile, comme en témoignent celles de Te Mata (25,45 $) et de Mission Estate (21,40 $). Deux vins pleins, gourmands et séduisants, dont les saveurs à la fois fraîches et gorgées de soleil traduisent bien le climat de Hawke’s Bay. 

Te Mata Estate Woodthorpe Syrah 2019

Plus au nord, les terres agricoles qui entourent la ville d’Auckland sont le berceau de la viticulture néo-zélandaise. La plupart des grandes entreprises y ont d’ailleurs encore leur siège social. Au début du siècle dernier, la Nouvelle-Zélande a connu une importante vague d’immigrants venus de Dalmatie, dont beaucoup se sont convertis à la viticulture. C’est le cas de la famille Brajkovich, qui a acquis un vignoble dans le secteur de Kumeu, au nord d’Auckland, en 1944. Michael Brajkovich et sa famille signent aujourd’hui des chardonnays de haut calibre sous l’étiquette Kumeu River. Même le chardonnay d’entrée de gamme du domaine brille par son élégance sobre. Le Kumeu Village 2020, disponible en ce moment à la SAQ, n’a rien à envier aux bons chardonnays du Mâconnais. Pur, délicat et mis en valeur par un usage intelligent de la barrique. (22,50 $)

Kumeu River Village Chardonnay 2020

Marlborough, terroir d’un seul cépage?

Bien qu’elle compte quelques siècles d’histoire, la viticulture néo-zélandaise telle qu’on la connaît aujourd’hui n’a vraiment commencé que dans les années 1970, sous l’impulsion de Montana. En plantant les premières vignes dans les terres agricoles de Marlborough, à la pointe nord de l’île du Sud, cette importante entreprise – alors soutenue financièrement par Seagram – donna le coup d’envoi de la viticulture néo-zélandaise moderne. Le succès de Montana a eu un effet d’entraînement, la demande internationale pour le sauvignon blanc de Marlborough a grimpé et le reste, comme on dit là-bas « is history ».

La planète est tombée sous le charme de ces nouveaux vins blancs aromatiques qui évoquaient presque le jus de fruit avec leurs parfums exubérants de pamplemousse et Marlborough s’est vite imposée comme une locomotive pour la production viticole du pays. Encore aujourd’hui, ses 28 360 hectares de vignes représentent 70 % de la superficie du vignoble néo-zélandais et le sauvignon blanc couvre plus de un peu plus de 60 % du vignoble à l’échelle nationale.

La plupart des producteurs de la région se concentrent d’abord sur le sauvignon blanc, mais aussi sur le pinot noir, dont ils tirent des vins rouges plutôt souples.

C’est le cas de Neal et Judy Ibbotson de Saint Clair Family Estate, dont les vins blancs et rouges sont bien distribués à la SAQ. Le Sauvignon blanc 2020, Origin, Marlborough (21,60 $) déploie des senteurs exubérantes d’asperges et d’agrumes; la bouche est vive et onctueuse. Le Pinot noir 2019 (23,95 $) d’entrée de gamme de Saint Clair mise à fond sur le naturel fruité et sur la souplesse du cépage. Un bon vin rouge polyvalent pour accompagner les plats copieux des fêtes. 

Saint Clair Premium Sauvignon Blanc 2020

Saint Clair Pinot Noir 2019

Le cinéaste néo-zélandais Michael Seresin a planté de la vigne dans Marlborough au début des années 1990. L’ensemble du vignoble de Seresin est certifié Demeter (biodynamie). Le Pinot Noir Estate 2017 (29,85 $) est plus charnu que la moyenne des pinots noirs de Marlborough. Ouvert et expressif, tissé de tanins veloutés, il n’est pas sans rappeler certains pinots noirs produits plus au sud, dans le secteur de North Canterbury.

Dans un tout autre registre, le Pinot Noir 2019 (21,45 $) de la marque Kim Crawford plaira peut-être aux amateurs de vin rouge plus robuste. Les goûts de poire et de pêche en sirop du Chardonnay 2020 pourront aussi séduire l’amateur de vin blanc riche, mais non-boisé. (20,15 $)

Enfin, on voudra redécouvrir le Pinot noir 2019 d’Oyster Bay (20,70 $), qui semble plus nuancé et harmonieux que par le passé. Vous cherchez un vin rouge pour accompagner la dinde et ses atocas? Vous l’avez!

Oyster Bay Pinot Noir 2019

Le grand sud

Les premiers ceps de pinot noir ont été introduits dans Central Otago au milieu du 19e siècle par un immigrant français nommé Jean-Désiré Féraud. Ces terres fertiles du sud de l’île du Sud, à l’est de la petite ville de Queenstown, étaient alors le théâtre d’une ruée vers l’or. Il faudra cependant attendre plus d’un siècle, avant que le filon du pinot noir ne soit exploité de façon sérieuse. La vigne couvrait à peine 50 hectares dans Central Otago en 1995.

Lentement mais sûrement, sous l’impulsion de pionniers comme Rolfe Mills (Rippon) et Alan Brady (Gibbston Valley Vineyards), le cépage bourguignon a gagné du terrain à l’ombre de la chaîne de montagnes des Alpes du Sud. La relève a suivi avec les Mt. Difficulty, Felton Road et autre Quartz Reef.

Les vignes ont mûri, les vignerons aussi. « En commençant, on cherche à impressionner. Puis, on prend conscience que ce n’est pas nécessaire », résume Paul Pujol, œnologue chez Prophet’s Rock depuis 2005. Cette sagesse se retrouve aussi dans leurs pinots noirs, souvent plantureux, puissants et boisés à l’époque, ils ont depuis gagné en subtilité et en profondeur.

L’éventail de vins de Central Otago offerts à la SAQ est limité, malheureusement. Parmi les quelques exemples disponibles en bonne quantité à la SAQ, on peut retenir le Pinot noir 2019 de Mud House, produit dans le secteur relativement chaud et aride de Bendigo, au nord du lac Dunstan. Plutôt typé de Central Otago; généreux, avec une belle concentration fruitée, mais sans lourdeur ni puissance particulière. (24,95 $)

Mud House Pinot Noir 2019

Santé!

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