Les bons achats de Marc – Janvier 2018

Retour des Fêtes
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

Retour des fêtes, oui, même si on a l’impression que ça fait déjà une éternité. Retour à la réalité, on peut se dire, adieu bombances, foie gras, autres cochoncetés et chips barbecue.

Et puis, de votre côté ?

En tout cas moi, si je puis me permettre, il n’y a pas eu tant de moments véritablement forts qu’une succession de plus petits instants savoureux.

Tout a commencé par une discussion, la veille de Noël, avec un membre de ma famille élargie – un trentenaire que j’aime bien et que je respecte, cela dit d’entrée de jeu pour dissiper toute éventuelle ambiguïté.

Il avait apporté au souper communal un très bon rouge de Provence, un tantinet bretté, il adore ça. Un vin sinon nature, du moins qui avait la gueule de l’emploi : bio, minimum de soufre, cuir et herbes au nez, arômes fruités en retrait, comme en punition, et évidemment pas de bois, ce serait bien le comble.

Quant à moi, vu le contexte, une vingtaine de personnes de 2 à 72 ans, j’avais pensé à quelque chose de plus, comment dire… potentiellement consensuel, un costières-de-nîmes rouge.

Après quelques échanges sur fond de cris de bambins et de course-poursuite à quatre pattes sous les tables – les infins, pas nous -, la question du bordeaux vint sur le tapis ainsi que celle du pas assez simple…

Ce type de cuvée, très peu pour le neveu. Apparemment impossible pour lui, difficilement pensable du moins, de préférer l’artificiel au naturel, le
façonné, le bichonné, au donné, au matériau brut.

Alors que perso, quand je bois du vin, quand j’en apprécie les odeurs, les contours, les saveurs et la texture, je ne m’abreuve à aucune idéologie ou ligne de pensée. Je ne juge que le contenu de mon verre, point.

Étroitesse d’esprit ? Absence de conscience sociale ? Pas de préoccupation pour l’environnement ? Et l’avenir de nos enfants, hein, t’y penses ?

Rassurez-vous. Tout cela m’importe.

Mais jusqu’à un certain point, car au-delà d’une certaine limite, mon plaisir n’est plus palpable.

Publicité

Prodigieux sauternes

Entre Noël et le Jour de l’an, et malgré ce que j’ai dit en ouverture, il y a bel et bien eu un moment fort : Château de Fargues 2011, liquoreux bordelais d’une incroyable complexité aromatique sans même agiter le verre, la finesse au carré en bouche, un grain exquis, serré, superbe adéquation entre le sucre et l’acidité…

À quand un vin « nature » qui peut rivaliser avec autant de grâce et de suavité ?

Le lendemain de cette apothéose, déconvenue avec un Tignanello 2007 en méforme, prématurément oxydé. Mauvaise bouteille, à l’évidence. A immédiatement suivi un autre 2007 et un autre sauternes-barsac, le Château Coutet 2007. Grand vin, il n’y a pas à chipoter, mais dans le style opulent et riche.

(Note à moi-même : continuer à me méfier de ces millésimes « exceptionnels » qui, parfois, assez souvent, en donnent trop, plus que ce que le client demande – au détriment de la fraîcheur, bien sûr, ce qui fait la grandeur des vins nature par ailleurs, et non, désolé, je ne me contredis pas.)

Le 1er janvier, avec la dinde, on (la famille plus immédiate) s’est notamment offert un duo de syrah 2008, une du Rhône, le Saint-Joseph Vignes de l’Hospice Guigal, et un Ojai Vineyards Melville Vineyards des Santa Rita Hills, près de Santa Barbara, au nord de Los Angeles.

Le Guigal fin, délicat, excellent sans être mémorable. La syrah états-unienne excellente elle aussi, boisée, concentrée, admirablement structurée, portée par son acidité – naturelle ou ajoutée, qu’importe…

À BOIRE, AUBERGISTE

La semaine qui vient juste de se terminer a été plus calme, vraiment finies les folies et les festivités. Parmi les quelques bonnes bouteilles que j’ai eu l’occasion de croiser récemment, de divers horizons et à divers prix, voici quelques suggestions d’achat.

Pittacum Mencia Berzio 2011 – Un rouge espagnol costaud et même assez baraqué, tannique, au goût rappelant la mûre et avec aussi une touche animale, funky sur les bords. Boisé manifeste, plutôt bien intégré. À table : avec de l’agneau, ou du gibier. [20,65 $]

Famille Perrin La Gille Gigondas 2015 – Excellent gigondas, à la fois fruité, fin et épicé, à peine corsé. Superbe retenue, un caractère élancé, travaillé, qui emporte l’adhésion tant rien ne dépasse. Du bonbon ! À marier aux viandes rouges, grillées ou braisées. [29,95 $]

Pittacum Mencia 2011Perrin & Fils La Gille Gigondas 2015Borsao Berola 2014Pierre Gaillard Saint Péray 2015

Borsao Berola 2014 – Très bon rapport qualité-prix que ce rouge espagnol corsé et généreux, à la fois boisé et fruité, comme peuvent l’être les meilleures cuvées de facture internationale, conçues pour plaire au plus grand nombre. Pari réussi, encore une fois, pour Borsao et ce Berola on ne peut plus gourmand. [18,55 $]

Pierre Gaillard Saint-Péray 2015 – Pas le plus sexy des blancs, rien d’exubérant c’est dire, ni de très aromatique, mais voilà, le coffre est là, le vin appelle la nourriture avec sa suave austérité et son caractère à la fois assez gras et bien sec. Accords possibles : fruits de mer, volaille. [27,60 $]

Domaine du Tariquet Les Dernières Grives 2015 – Remarquable rapport qualité-prix que ce côtes-de-gascogne liquoreux, quasi aussi sucré qu’un sauternes et quasi aussi bon, dois-je confesser… Pas de pourriture noble ici, sauf erreur ; plutôt une attrayante odeur de fenouil qui rappelle le vin de glace à base de vidal. Du nerf aussi, cela dit, de la fraîcheur. [29,05 $ le 750 ml – une aubaine !]

Au Bon Climat Pinot Gris / Pinot Blanc 2016 – Pratiquement tout ce que touche le Californien Jim Clendenen s’avère excellent, et ce blanc à la fois généreux et rafraîchissant ne fait pas exception. Très belle tenue en bouche, du tonus, de l’acidité, une finale fumée – et seulement 1,6 g de résiduel. [30,25 $]

Domaine Du Tariquet Les Dernières Grives 2015Au Bon Climat Pinot Gris Pinot Blanc 2016Domaine Rolet Père Et Fils Chardonnay 2015

Rolet Côte du Jura 2015 – Attrayante pointe fumée/oxydée au premier nez, beaucoup de fraîcheur par ailleurs, de l’élégance, une certaine classe, même. Chapeau ! [26,75 $]

Château de Pibarbon Bandol Rosé 2016 – Rosé au prix très élevé mais d’excellente qualité, puissant, nerveux, profond, d’une belle texture. [35,50 $]

Luca Syrah Double Select 2014 – Gourmand ! Une syrah argentine colorée et concentrée, qui verse dans l’exubérance tout en conservant de la fraîcheur ainsi qu’une certaine profondeur. [22,05 $]

Château De Pibarnon Bandol Rosé 2016Luca Laborde Double Select Syrah 2014Kim Crawford Small Parcels Rise & Shine Pinot Noir 2014Réserve Maison Nicolas Chardonnay 2016

Kim Crawford Rise & Shine Pinot Noir 2014 ­- Savoureux pinot noir néo-zélandais, relativement corsé et concentré, avec une touche de gaz carbonique qui avive ses saveurs. De la profondeur, du fruit, des épices. Empreinte boisée notable, sans trop déranger. Encore jeune, gagnerait à vieillir deux ou trois encore. [31 $]

Réserve Maison Nicolas Chardonnay 2016 – Excellent rapport qualité-prix, que ce chardonnay du Languedoc à la fois nerveux et généreux, sans boisé intempestif, sans véritable résiduel également, qui sent bon la poire au nez, suivi de notes anisées en bouche puis d’une touche florale, en finale. [11,05 $ en promotion]

Marc

Note de la rédaction: vous pouvez lire les commentaires de dégustation complets en cliquant sur les noms de vins, les photos de bouteilles ou les liens mis en surbrillance. Les abonnés payants à Chacun son vin ont accès à toutes les critiques dès leur mise en ligne. Les utilisateurs inscrits doivent attendre 30 jours après leur parution pour les lire. L’adhésion a ses privilèges ; parmi ceux-ci, un accès direct à de grands vins!


Publicité