Mythes et quasi-vérités

Hors des sentiers battus
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

Je reste cette semaine sur ma lancée : après les cinq commandements liés au vin consommé en plein air, voici, revisitées, quelques idées reçues… parfois à tort, parfois avec raison.

Brrr !

« Tu veux rafraîchir rapidement ton vin ? Mets-le au congélo, mon ami. Rien de plus indiqué ni de plus expéditif. » Vrai : il est bien plus facile de mettre une bouteille au congélateur que de sortir un seau de l’armoire, y déposer de l’eau et des glaçons, voire du sel, puis de plonger la bouteille dedans – en prenant soin de rafraîchir en cours de route la partie supérieure de la bouteille, qui émerge sans être en contact avec le froid. Mais faux, pas si rapide comme procédé, car le vin se refroidit moins vite au seul contact de l’air froid ; le choc thermique et la déperdition de chaleur sont beaucoup plus grands dans le mélange eau-glace.

L’idéal, en tout cas ce que j’utilise personnellement depuis longtemps, ce sont les manchons refroidisseurs, qu’on laisse en tout temps au congélateur. On les enfile sur la bouteille à refroidir puis hop ! une dizaine de minutes et le tour est joué. Depuis au bas mot deux milliers de fois que je fais le test avec ces manchons et ça fonctionne, le vin ne se retrouve pas ensuite brisé, anéanti ou choqué par le contact très intime avec le froid, comme aimerait le faire croire certaine littérature alarmiste.

Ne pas manquer d’air…

Pour savoir si un vin a le coffre nécessaire pour vieillir, en oublier dans la bouteille entamée et le regoûter le lendemain. C’est pas mal vrai. On appelle cela, en jargon non scientifique, « le test de tenue à l’air ». Si, après plusieurs heures d’exposition à l’air, un reste de vin se goûte encore très bien, voire s’est amélioré, on peut présumer qu’il tiendra encore en cave, dans les autres bouteilles pas encore ouvertes, au moins une couple d’années. À l’inverse, a-t-il perdu tout son fruit après seulement quelques heures d’aération que l’on est en droit de se poser des questions. Tout ce qui précède, notez bien, découle d’observations empiriques, pas totalement rigoureuses. À quand un banc d’essai sur la question ?

Le secteur privé

Une bonne chose, tous ces vins d’importation privée dans les restaurants. Cela nous donne encore plus de choix. Hmm… Avec l’offre à la SAQ, des milliers de vins littéralement, il serait facile de monter une carte des vins originale, qui varie souvent, sans avoir recours à une avalanche de vins d’importation privée (IP), souvent connus ni des lèvres ni des dents par le consommateur. En l’absence ou presque de repères, faire son choix peut en effet s’avérer difficile, même pour l’amateur – les appellations, par exemple, ne sont pas toujours précisées. Autre gros irritant, les prix. Récemment, dans un auberge de Brome-Missisquoi, dans les Cantons, nous avons payé 61 $ un pinot noir de Nouvelle-Zélande vendu 22 $ en IP – vérification faite le lendemain sur le site de l’agence promotionnelle. Après le trente quelque pour cent de taxes et pourboire, la bouteille nous est finalement revenue à… 80 $. Agaçant.

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À BOIRE, AUBERGISTE

SCIA PUGLIA 2015 – À petit prix, un rouge italien plus qu’honnête, même très bon : notes d’encre évoquant la syrah au premier nez (bien que le vin soit à 100 pour cent à base de sangiovese), des saveurs fruitées et moyennement corsées, acidulées également, sans boisé apparent. Finale poivrée.

SAINT CLAIR MARLBOROUGH PREMIUM SAUVIGNON BLANC 2016 – Un blanc de Nouvelle-Zélande sauvignonné sans excès, même s’il demeure marqué par le pamplemousse et qu’il a un caractère herbacé. En bouche, c’est vif, il y a du gras aussi, une légère amertume. Pas compliqué, mais efficace en diable !

Podere Castorani Scià 2015SAINT CLAIR MARLBOROUGH PREMIUM SAUVIGNON BLANC 2016Coto De Imaz Reserva 2012Hermanos Lurton Verdejo 2016

COTO DE IMAZ RESERVA RIOJA 2012 – Dix-huit mois dans le chêne américain neuf, et ce très bon rioja ne démérite pas. Certes, l’ensemble est relativement astringent, mais la profondeur est là, à l’arrière-plan, qui équilibre le tout. Aussi vendu en commode format de 500 ml.

HERMANOS LURTON RUEDA VERDEJO 2016 – Léger reste de gaz carbonique dans ce blanc espagnol par ailleurs fruité et vif, avec seulement 3,3 g de sucre résiduel, si bien qu’il est pratiquement sec. Quelques nuances de fruit tropical en finale, une finale aux accents fumés. Très ok !

DOMAINE DU TARIQUET CHARDONNAY 2015 – Assez coloré, la poire au nez, un caractère plutôt engageant ; la bouche suit, bonne fraîcheur, moins de sucre qu’appréhendé (4,4 g), seulement 12,5 pour cent d’alcool. Très bon rapport qualité-prix.

ANDRÉ ET MIREILLE TISSOT CRÉMANT DU JURA BRUT – Impeccable ! Pour commencer, très engageant au nez, avec un caractère légèrement brioché et peu rancio (oxydé) ; des notes épicées, également. Saveurs à l’avenant, dépouillées, épurées, nerveuses et pas dénuées d’élégance. Finale sur la pomme verte. À moins de 30 $, une excellente solution de rechange aux champagnes d’entrée de gamme.

Domaine Du Tariquet Chardonnay 2015Domaine André Et Mireille Tissot BrutDomaine Patrick Baudouin Anjou Effusion 2015Moulin Touchais Coteaux Du Layon 2005

PATRICK BAUDOIN EFFUSION ANJOU BLANC 2015 – Pur chenin, touche de sapinage au nez, de miel également ; passablement de corps en bouche, de la vivacité, des épices, une finale agréablement piquante possiblement due à la présence d’un peu d’acidité volatile. Excellent !

MOULIN TOUCHAIS COTEAUX-DU-LAYON 2005 – L’un des meilleurs Moulin Touchais depuis longtemps ! Engageante couleur jaune tirant sur le doré, nez de botrytis (le céleri) et de cire d’abeille, du zeste d’orange confit aussi. La bouche suit, saveurs élégantes, pas trop sucrées (89 g) et surtout plutôt bien soutenues par l’acidité. Un excellent vin moelleux à point, bien qu’il se conservera en cave aisément un bon cinq ans encore.

Marc

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