Les bons achats de Marc – Juin 2017

Le chant des sirènes
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

C’est des sirènes des Primeurs, dont il est question ici. Des sirènes, oui, au pluriel : au sens où ces satanés bordeaux prévendus exercent un dangereux pouvoir de séduction ; et également au sens de quel boucan, une vraie sirène d’usine, et c’est reparti pour la trompette de la Renommée et le millésime du siècle…

Vous savez quoi ? Je pense sérieusement passer mon tour, cette année. Même si tous les critiques s’entendent pour chanter les louanges du 2016 sur presque toutes les rives, à la gauche (surtout) comme à la droite et même au sud de la ville de Bordeaux, dans les Graves et le Sauternais.

Sauf qu’à force d’entendre crier au loup, un agneau prend ça mollo, et il relaxe un peu.

Autrement dit, pourquoi ne pas faire l’impasse sur ces prétendues beautés ? Il y en aura encore tout plein, de beaux millésimes, plus jeunes, plus fous, plus aguichants les uns que les autres.

Et puis, de nos jours, dans le Bordelais, même les années moins glorieuses, moins encensées, donnent d’excellentes cuvées. À meilleur prix souvent, et avec néanmoins un excellent potentiel de vieillissement.

Une douce béatitude

Je comprends toutefois qu’on ait malgré tout envie de faire main basse sur des Primeurs (bientôt mis en vente par la SAQ), versant un acompte sur-le-champ puis acquittant le solde dans deux ou trois ans, à la réception des produits en succursale.

Non seulement on peut escompter de source sûre de bonnes bouteilles au bout du compte, mais aussi, j’ai envie de dire surtout, on s’offre ainsi un bon 24 à 36 mois d’expectative, de plaisir anticipé – laps de temps pendant lequel on pourra se bercer, les journées grises, d’être promis à recevoir, à terme, de beaux cartons remplis de crus classés et consorts.

À ce compte-là, même à prix relativement fort, ce n’est pas trop cher payer.

Tout ça pour dire que je vais peut-être flancher, finalement. Mais oh ! attention, sans verser dans la démesure.

Inutile, de toute manière, de débourser une somme folle pour un flacon de 750 ml. Sur le bord d’être risible, même. Désolé pour la morale à deux balles, mais à votre place je ciblerais les vins vendus en gros dans la fourchette 40 $ – 70 $. C’est là que se trouvent les meilleurs rapports qualité-prix.

Les buveurs d’étiquettes

Question, à présent : lesquels choisir ? Réponse : qu’importe ! Pour acheter du bordeaux, il suffit d’être un buveur d’étiquettes.

Comme la région propose en quelque sorte l’antithèse de la surprise et de la découverte – la majorité des vins se ressemblent passablement –, on peut en effet très bien s’en tenir aux valeurs sûres et aux réputations bien assises. De toute façon, le bordeaux n’est pas vraiment là pour éblouir ou désarçonner ; il rassure, surtout. Comfort Wine. (Tout le contraire du bourgogne, en passant.)

Des châteaux comme Poujeaux, Potensac, Haut-Marbuzet, Belgrave, La Tour Carnet, Ferrière, Phélan-Ségur, Latour-Martillac, de la Dauphine, Clarke et Cambon la Pelouse, pour en nommer plusieurs, peuvent être achetés pratiquement les yeux fermés, année après année.

Dans le Sauternais, les deux Doisy, Védrines et Daëne, constituent toujours d’excellents achats. Quant à Château de Fargues, il tutoie le sommet depuis quelques années ; son prix s’est cependant envolé, dans la foulée. Coutet et Lafaurie-Peyraguey, notamment, offrent de bonnes positions de repli.

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À boire, aubergiste !

Hors de Bordeaux, le salut est bien entendu possible. À preuve, notamment, ces quelques bonnes bouteilles dégustées récemment.

Nicolas Feuillate Brut Grande Réserve Cuvée 375e Montréal– Un excellent champagne, à la fois brioché et vif malgré le dosage à 10 g. Caractère fumé par ailleurs, de l’ampleur, de la profondeur.

Nicolas Feuillatte Brut Grande Réserve Cuvée 375ème Anniversaire De MontréalSan Felice Il Grigio Chianti Classico Riserva 2013

San Felice Il Grigio Chianti Classico Riserva 2013 – Excellent chianti-classico, au caractère certes étonnamment fondu et évolué, mais encore très en santé, complexe et tout à fait délicieux. À cueillir sans attendre, le vin est prêt.

Clos du Bois Chardonnay Calcaire 2014 – Très bon chardonnay de Sonoma et plus précisément de la Russian River Valley, citronné, riche et tendu en bouche, avec une note de crème pâtissière pas trop prononcée. Boisé marqué mais bien intégré.

Artadi Pasos de San Martin 2013 – De Navarre, en Espagne, voilà un très bon rouge costaud et sérieux, au boisé marqué, avec des arômes de pâtisserie et une finale épicée.

Clos Du Bois Calcaire Chardonnay 2014Artazu Pasos De San Martin 2013Château Yvonne La Folie 2014

Château Yvonne 2014 « La Folie » Saumur-Champigny – Excellent saumur-champigny, en finesse tout en faisant preuve de tonus. Après des notes de réduction et de poivron au premier nez, une touche florale et une odeur de framboise prennent le relais. Suivent des saveurs mi-corsées (seulement 12,5 % d’alcool affiché) et une texture suave, au grain serré. À 27 $ et des poussières, un excellent rapport qualité-prix !

Beni Di Batasiolo Barolo 2013 –  À prix plus que raisonnable, un très bon barolo, à la fois tannique et généreux, enrobé, ce qui est possiblement dû à la présence d’un soupçon (3,3 g) de résiduel. Qu’à cela ne tienne : le vin demeure typé, bien structuré et surtout bourré de fraîcheur.

Beni di Batasiolo Barolo 2013El Circo Payaso Carinena 2016

El Circo Payaso Rosé 2016 – Coloré, plutôt foncé pour un rosé et quasi rouge pâle, caractère bien sec en bouche, fruité discret, légère astringence, une bonne acidité. Très ok, et à très bon prix !

 

Marc 

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