Les bons achats de Marc – Mars 2017

Les huit péchés capitaux
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

Vous avez bien lu. Huit péchés, pas sept. La première fournée, tout le monde la connaît : l’avarice, la colère, l’envie, la gourmandise, la luxure, l’orgueil et la paresse. Le fameux huitième, eh bien c’est le vin. D’autant plus capital, du reste, qu’il résume à lui seul tous les autres !

Je ne délire pas, du calme.

C’est juste que mister Vino, une fois qu’il nous est entré dans la peau, difficile de s’en défaire. L’accoutumance croît avec l’usage. Le boss, quand il s’installe dans votre vie, ce n’est plus bobonne, c’est lui. Pour le meilleur et pour le pire.

On rechigne à payer deux dollars de plus pour tel ou tel objet de la vie courante, mais envoie que je te flambe 300 douilles comme ça d’un coup pour quatre misérables bouteilles de jus de raisin fermenté (l’avarice)…

On ouvre la porte du cellier, ça sent bizarre, un pot de peinture mal fermé et malodorant a été oublié là dans le coin par dieu sait qui, bordel ! ça ne se passera pas comme ça, oh que non !!! (la colère)…

En visite chez un ami collectionneur lui aussi, il nous montre sa réserve, notamment sa rangée de sauternes 1988 en magnums, l’enfoiré, t’écoeures tu sais, vais t’en montrer un moi, là, tout de suite, un vrai gros format (l’envie et aussi un ti-peu de gaminerie)…

La soirée s’étire, on a bien mangé, bien bu surtout, mais voilà, il y a l’autre qui descend à la cave et en remonte avec un Colheita, sublime porto tawny millésimé, les papilles sont saturées mais hé ! comment empêcher un coeur d’aimer (la gourmandise et aussi la luxure, une débauche d’odeurs et de saveurs)…

« Ben voyons donc ! Ça se peut pas, t’as encore de ça en cave, toi, maudit chanceux ! », Music to my ears, hmm, se faire flatter dans le sens du poil (l’orgueil)…

Enfin la paresse, elle, c’est le goût de la facilité, une certaine indolence. Une forme, on pourrait dire ça, oui, une forme de paresse intestinale, le goût de ne pas se faire vous savez quoi, par exemple se refuser à servir un plat compliqué sur un grand vin, pour ne pas porter ombrage à ce dernier et ainsi éviter tout manquement à son devoir d’amphitryon…

Moralité ? J’ai bien l’impression qu’avec tout ça, Brad Pitt pourrait reprendre du service et tourner une suite à Seven.

Évidemment que Eight, ça sonnerait alors mieux que Seven 2, non ?

Mais bon, je m’égare…

~

À boire, aubergiste !

Voilà ce qui arrive quand on s’emporte : j’ai omis d’expliquer d’entrée de jeu pourquoi je parlais aujourd’hui tout à coup de péché, d’accoutumance et de dépendance à l’alcool.

C’est en lien avec ma dernière chronique, celle sur le chablis. Un ami m’a écrit le lendemain pour me rabrouer, gentiment, en disant qu’après m’avoir entendu encenser un certain premier cru (le Montée de Tonnerre de Fèvre), il s’était senti obligé de céder, lui aussi, et d’en acheter. Possiblement, d’ailleurs, en cachant la dépense inconvenante à sa conjointe pour éviter une scène où, sûrement, la colère le disputerait à l’envie, la jalousie et la gourmandise, avant de finir, comme toute prise de bec suivie d’une réconciliation, dans la plus savoureuse des luxures…

Enfin bref. Je les salue en passant, sa dame et lui.

Voici maintenant mes suggestions pour la fin de semaine, histoire de ne pas vous laisser aller le ventre vide. Il y en beaucoup, une bonne douzaine, et certains vins, bien qu’excellents, ne sont pas exactement donnés. Qu’à cela ne tienne : pas plus tard que vendredi dernier, nous avons publié notre liste mensuelle de bons achats à moins de 20 $. L’embarras du choix mes amis, c’est comme ça qu’on appelle ça… 

Refugio 2015 Pinot Noir Chili  — Un des pinots du Nouveau Monde parmi les plus près de ce qui se fait en Bourgogne, à la fois généreux, typé et d’une étonnante pureté de fruit. [26,10 $]

Domaine Gerovassiliou 2016 — Très bon assemblage grec d’assyrtiko et de malagousia qui a certains airs de sauvignon, vif et goûteux, avec du gras également, qui lui donne une attrayante texture. [18,65 $]

Montsecano Y Copains Pinot Noir Refugio 2015 Ktima Gerovassiliou White 2016 Heinrich Blaufränkisch 2015 Castello Di Ama Haiku 2010

Heinrich Blaufränkisch 2015 —  Une sorte de beaujolais autrichien en plus sauvage, pour ainsi dire, avec des notes fumée et un brin animales mais débordant de fruit par ailleurs. [23,95 $]

Castello Di Ama Haiku 2011 — Convaincant assemblage toscan — sangiovese, merlot et cabernet franc. Complexité aromatique (tabac, cerise, terre mouillée) suivie de saveurs mi-corsées, légèrement astringentes. [51 $]

Ropiteau Meursault 2014 — Excellent meursault d’appellation communale. Un bourgogne blanc vif et subtilement boisé, rehaussé par des notes fumées. De la classe ! [55,25 $]

Beni Di Batasiolo Barolo Riserva 2007 — Taux d’alcool à 15 % (année solaire, que 2007), saveurs concentrées et complexes, encore jeunes toutefois, demandant à se fondre encore deux ou trois ans. [37,50 $]

Ropiteau Meursault 2014 Beni Di Batasiolo Riserva Barolo 2007 Château Vieux Lartigue St émilion Grand Cru 2010 Arboleda Sauvignon Blanc 2014

Château Vieux Lartigue Saint-Émilion Grand Cru 2010 — Excellent rapport qualité-prix que ce rouge sûrement en partie sublimé par son millésime. Puissance (acidité tannin) et élégance réunies. [31,50 $] 

Arboleda Sauvignon Blanc Chili 2015 — On ne peut plus sauvignon blanc avec ses notes de buis et de pamplemousse. Très bon cela dit, fruit et fraîcheur, rien de complexe mais impeccable. [19,95 $]

Quinta De La Rosa Douro 2014 — Rouge du Douro à la trame serrée, avec de la minéralité par ailleurs. Mi-corsé, acidité relativement marquée, beaucoup de tension. Grande fraîcheur ! [21,50 $]

Luca Laborde Double Select Syrah Mendoza 2014 — Syrah argentine gourmande, riche et corsée mais aussi acidulée et sans sucre résiduel. Notes florales et vanillée, et finale empreinte de salinité. [22 $]

La Rosa Tinto 2012 Luca Laborde Double Select Syrah 2014 Churton Sauvignon Blanc Marlborough 2016 Henri Bourgeois Petit Bourgeois Sauvignon Blanc 2015

Churton Sauvignon Blanc Marlborough 2016 — Excellent sauvignon blanc néo-zélandais qui change, agréablement, de ses congénères racoleurs sentant notamment le pamplemousse tout plein. Et pour envelopper tout ça, du gras, une texture relativement moelleuse. [24,40 $]

Henri Bourgeois Petit Bourgeois Sauvignon Blanc 2015 — Un bon sauvignon de la Loire avec des airs de sauvignon de Nouvelle-Zélande (pamplemousse, jalapeno) sans pour autant être caricatural. [17,45 $]

Marc

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